Origines
La création du village remonte à l’origine d’un conflit entre les abbayes de La Sauve Majeure en Gironde et de celle de Saint Sever dans les Landes.
La terre de Maniort se situait sur les rives de la Garonne, dans la paroisse de Saint Christophe et sous la tutelle de l’abbaye de St Sever des Landes. Etienne de Caumont, son propriétaire, offrit cette terre à l’abbé Gérard, fondateur de l’abbaye de La Sauve Majeure.
Monheurt fut donc fondée vers 1050, sous le nom de Maniort. Vers 1164 une église fût bâtie et le village passa sous la domination de l’abbaye de La Sauve Majeure.
Cette cité qui eut à souffrir des luttes franco-anglaises, devint lors des Guerres de Religions une des places de sûreté du Parti Réformé de Guyenne grâce à l’Edit de Nantes de 1598.
Place-forte protestante, entourée côté terres de solides murailles de briques et protégée côté Nord par la Garonne, elle fut entièrement rasée en 1621 par l’armée du Roi Louis XIII, sous les ordres de son ministre Albert de Luynes, après trois jours et trois nuits de siège.
Les seuls vestiges restant de cette petite place-forte sont la forme circulaire du village et quelques soubassement de murailles. Albert de Luynes mourut d’ailleurs, dans la nuit précédant la réédition du village, d’une fièvre foudroyante dans un manoir du voisinage, le manoir de Longuetille.
Jadis village de pêcheurs (anguilles, aloses, lamproies) et aussi port sur la Garonne, au temps où les Gabarres puis les bateaux à aube sillonnaient Garonne.
Un bac permettait il y a quelques années encore de traverser Garonne pour rejoindre la berge en face à Ayet, reliant ainsi la Guyenne à la Gascogne. Un autre bac était en fonction au hameau de Montluc rejoignant Aiguillon.
Siège de Monheurt sur la Garonne
L’Edit de Nantes du 15 avril 1598 concéda donc à Monheurt le titre de Place Forte Protestante sous le commandement du sieur Boisse de Pardaillan, un « protestant d’Etat ».
Fidèle au Roi et espérant qu’il soit conciliant avec les Réformés, il rejoignit le Roi au siège de Montauban. Il laissa Monheurt au capitaine Labroue et à son fils De Mirambeau pour partir à Ste Foy mater la rébellion. Il y sera assassiné par M. de Savignac d’Eynesse, un huguenot. Son fils, Mirambeau, se déclara du parti Réformé et refusa l’allégeance à Louis XIII, qui décida de faire le siège de la place forte.
Le sieur de Pardaillan avait doublé l’ancienne muraille bien terrassée et ses tours par un profond fossé ainsi que des terrasses de terres surplombées de cinq bastions avec une porte côté midi. Seul le terrain côté Garonne n’avait pas eu le temps d’être élevé.
Louis XIII chargea François de Bassompierre de prendre la Place. Le régiment de Grignaux arriva le premier côté midi le 15 novembre. 250 hommes assuraient la défense de Monheurt. Le bombardement commença le 17 novembre. Les hommes devaient se réfugier dans les caves et les fortifications. 12 canons, dont 6 sur la terre, déversèrent plus de 12 000 boulets.
Le Roi arriva le 29 novembre et s’installa au manoir de Longuetille au chevet du Duc de Luynes.
Le 10 décembre, une première mine fit sauter la porte côté Monluc et une seconde emporta un morceau du bastion de Labroue côté Bordeaux. Labroue y fût emporté par un boulet (d’où le nom donné au bastion) et au matin du 12 décembre, Mirambeau donna la reddition. On fit évacuer des femmes et des enfants par bateau la nuit.
Le 13 décembre, les soldats entrèrent dans la place et se livrèrent au pillage. On massacra les derniers habitants avant d’incendier la ville pour « cause de rébellion et perfidie ».
Le duc de Luynes mourut le 15 décembre à Longuetille. Les quelques vieillards et enfants qui s’étaient enfuis voulurent trouver refuge à Tonneins mais ils en furent expulsés.
Le village fût entièrement rasé et sa terre fût abandonnée pendant plusieurs années. Monheurt ne retrouva jamais son importance passée.